Le thème “Résister par l’art et la littérature” de cette année nous permet de nous interroger sur la place de l’art dans la société. En effet, lorsqu’un artiste crée une oeuvre d’art, il ne le fait pas à partir de rien. Son oeuvre d’art, qu’elle soit engagée ou non, donne un point de vue sur la société, car sa création dépend non seulement de l’artiste, mais également de plusieurs éléments.
Nous avons distingué plusieurs facteurs disctints.
D’un côté, le contexte général de la réalisation de l’oeuvre. L’artiste y trouvera une source d’inspiration, voire d’engagement.
De l’autre, le public, auquel l’artiste doit nécessairement s’adapter.
Et entre les deux, les moyens de créations et de diffusion, que ce soient les matériaux et les moyens financiers de l’artiste ou les média de diffusion. Tous ces éléments (contexte, cible et vecteur) influent donc grandement sur l’oeuvre finale.
Donc, si on prend un nombre suffisant d’oeuvres issues d’une même époque et produites sur un même territoire à destination d’un même public, se dessine un panorama qui nous offre une certaine vision de la société, portée par les artistes.
Donc dès lors que l’on change l’un des facteurs, les oeuvres suivent et ainsi le panorama est modifié. Ce changement permet de mettre en lumière les interrogations de la population, les épreuves qu’elle subit et le regard qu’elle porte sur les évènements en train de se dérouler.
Or, lorsque l'Occupation de la France par l’Allemagne nazie commence et que le régime de Vichy est instauré, certains de ces facteurs changent. Si la localisation dans l’espace ne change pas, la condition des artistes, le contexte entourant les créations et les préoccupations du public cible changent. Grâce à ces changements qui ont lieu dans un espace et un laps de temps restreint, nous pouvons dresser un parallèle avec la création artistique avant le début de la Seconde Guerre Mondiale et, en étudiant les différences et leur cause, nous pourront mettre en lumière les changements profonds qui ont eu lieu dans la société française, et leurs répercussions sur le devoir de mémoire qui est le nôtre aujourd’hui. Pour toutes ces raisons, mais également par curiosité, nous avons choisi de nous demander, quelles étaient les conditions de création artistique durant l’Occupation ?
Compte tenu de notre problématique, nous allons devoir étudier en profondeur les conditions de création artistique durant toute la période de guerre. Afin d’avoir un référentiel pour pouvoir étudier l’évolution de ces conditions, nous allons commencer par un état des lieux, détaillant les conditions de création artistique avant l’Occupation.
L’état des lieux qui suit décrira les conditions de création artistique de la signature du traité de Versailles, en 1919, jusqu’au début de l’Occupation et la fin de la IIIème République, en Juillet 1940
En 1929, l’arrivée de la crise financière a particulièrement touché les artistes. Ceux-ci, précarisés, doivent chercher des mécènes afin de continuer de vivre de leur activité. Ces mécènes sont en général des partis politiques, ce qui va provoquer l’implication des artistes dans la politique, ces derniers finançant uniquement les créations artistiques allant dans le sens de leur idéologie. Les principaux mécènes sont les partis communistes (l’affiche de propagande du 17e congrès du parti communiste en 1934) et les partis réactionnaires (affiche de propagande : révolution nationale où l’on voit le maréchal Pétain devant un drapeau français) .
A l’époque, les oeuvres d’art étaient diffusées principalement par le biais des journaux, de la radio, du cinéma, des expositions et des livres. Les thèmes abordés étaient divers, mais l’actualité internationale, et principalement les nominations et agissements des dictateurs des grands régimes totalitaires de l’époque (tels que Hitler, Staline ou encore Mussolini) occupe les esprits des artistes par exemple “Le matin de notre patrie” peint par F.Chourpine qui représente Staline, ce dernier regarde vers la droite, on peut supposer qu’il regarde vers l’avenir.
Jusqu’en août 1938, les artistes étaient libres de diffuser leurs oeuvres sous certaines contraintes: certains thèmes étaient censurés au nom, par exemple, de la bienséance, la guerre ou les Nazis. Mais à partir du 28 août 1938, tout va changer: la création était surveillée, le cinéma était censuré, les accès aux spectateurs et au personnel (aux étrangers selon leur religion) était limité, la radio était sous contrôle mais elle restait un moyen pour diffuser l’art. Les militaires avaient le droit de presse.
Introduction
Joseph Kessel
Plan de l'exposé